Vue sur notre vie communautaire

Il n’y a pas assez de 48 heures sur 24 quand on tend la main !

Mais tendre la main ne veut pas dire se la faire bouffer si on veut continuer à aider…
C’est pourquoi début 2012, aux premiers balbutiements du 115 Du Particulier, nous avons « BORDE » notre action par une Charte dont voici un extrait :

« Il appartient au tout à chacun de DONNER QUAND , OU, COMMENT et à QUI on veut, toujours dans la mesure de ses moyens, »

Le Village de Sans Abri de Villebéon est une application parmi tant d’autres du mouvement citoyen qu’est l’Association 115 Du Particulier et dont le PARTAGE en reste le fil conducteur.

Le Village est géré par des bénévoles, donc des particuliers qui ne sont pas à la solde d’un quelconque organisme d’état ou autre, au demeurant libres et ne répondant qu’à un seul et unique cahier des charges : Celui du cœur.
Le Village est un lieu d’accueil ouvert aux Sans Abris. Il apporte le toit et la bouffe. Répondant aux deux questions existentielles du Sans Abri (qui n’en reste pas moins un être humain lamda) : Où dormir ? Où manger ? Deux questions qui interdisent à tout être humain de se projeter sur autre chose parce que cela prend ENORMEMENT de temps pour y répondre quand on a rien de sûr sous la main, soit d’avancer dans la vie.

Le Village n’a pas vocation à éradiquer toutes les misères du monde, mais de proposer une reconstruction grâce aux réponses qu’il apporte à ses deux questions, soit un coup de main supplémentaire pour lutter contre l’exclusion, créant une sorte de sérénité retrouvée pour redémarrer, et ce, toujours avec les moyens du bord, sans référence étatique, ni même de repère institutionnel.
Pour garantir sa pérénité et protéger le développement de cette sérénité, le Village s’est doté de règles définies dans un moratoire de vie communautaire dont le respect INCONDITIONNEL est la clé.
Il appartient donc à l’ensemble de la communauté, résidents et encadrants bénévoles de veiller en constance à l’observation de ces règles de vie, et d’écarter, quand cela s’impose, les personnes qui en entraveraient le bon fonctionnement.
Le Village n’est et ne sera jamais un ghetto, ni même une communauté de bisounours. Conscient que ce lieu s’ouvre à un public « abîmé » par la vie, qu’il n’est pas LA réponse à tous les maux de la terre et qu’il reste UNE simple réponse humaine à limites tout aussi humaines…

Autant le Village connaît les joies de réussites comme celle de Kader ou Racine, entre autres, autant il peut connaître l’échec…
Mais encore une fois, nous n’avons pas la prétention de faire du 100%, mais d’essayer d’apporter ce que l’on peut… Tout en sachant que nous ne pouvons pas contraindre quelqu’un à être EPAULER pour se reconstruire dans la cohérence.
NOTRE VILLAGE DE SANS ABRI NE SERA PAS UN GHETTO !

Beaucoup de centres d’hébergement d’urgence sont, par délégation d’état, de véritables cloaques où la drogue, l’alcool, la violence, le vol, la prostitution, le racket, le viol en sont « les règles » d’accueil et on comprend pourquoi certains SDF préfèrent dormir à la rue… Car ces centres sont ni plus ni moins le reflet des prédations de la rue. Alors entre la mort aux rats et la ciguë, seule la recette change et le choix n’a plus vraiment d’importance dans les esprits abîmés par l’exclusion.
Dans ces centres, on y casse une croûte vite fait dans le meilleur des cas et on y passe seulement la nuit, car c’est la REMISE A LA RUE dés huit heures du matin !

Depuis cinq ans, Notre Village du 115 DP, basé à Villebéon en Sud Seine et Marne, se défend de s’apparenter à un centre d’hébergement d’urgence traditionnel et s’affirme comme étant une communauté d’accueil de Sans Abri.
Répondant avant tout à l’assistance à personnes en danger, pour conserver l’authenticité de notre action solidaire, nous avons défini un cahier des charges particulier qui repose sur un moratoire de vie que voici :
MORATOIRE DE VIE DU VILLAGE

« LE VILLAGE du 115 DP »
est une initiative du Mouvement Citoyen du
« 115 Du Particulier »
née aux temps forts de l’hiver 2012.

Situé à VILLEBEON en sud Seine et Marne,
sur un TERRAIN PRIVE (appartenant donc à des Particuliers),
sa communauté est indépendante de TOUTES casquettes institutionnelles,
politiques ou religieuses.

Ouvert aux Sans abri et aux Victimes de l’exclusion,
le Village se veut être un endroit de TRANSITION pour y retrouver
le chemin de la dignité citoyenne,
soit une PLACE qui leur est « ré-publiquement » due dans cette société où l’on cultive plus souvent la dé-socialisation que « l’écoute humaine ».

Une initiative qui permet de gommer dans l’esprit errant les interrogations telles que :

Où vais-je pouvoir dormir ce soir ?
Où vais-je pouvoir casser la croûte aujourd’hui ?

Libéré de ces deux questions existentielles,

N’IMPORTE QUI PEUT AVANCER DE NOUVEAU ET TENTER DE SE PROJETER !…

CAR TOUTE PERSONNE A DROIT A LA DIGNITÉ CITOYENNE !

Une volonté pourtant exprimée par le législateur dans le Code Social aux articles L.345-2-2, L.345-2-3 et tel que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme le traduit dans son article 25.

La communauté « Village » du 115Du Particulier reste un endroit où l’on prend le temps qu’il faut pour retrouver des repères de vie, si toutefois l’intégration dans la communauté le permet et ce, sans limite dans le temps et sans loyer réclamé.

En considérant que chacun est différent de l’autre et que chaque problème lié à la personne l’est tout autant. La durée du séjour repose sur des facteurs tout aussi divers que variés : Force de caractère à surmonter l’épreuve, volonté, dispositions matérielles ou non, influence, etc…

L’humain ne rentrera jamais dans une case…

Le partage est le fil conducteur de cette communauté.

Composées de caravanes chauffées, les structures d’accueil sont spartiates, alternatives
et répondent principalement à l’urgence de l’assistance à personnes mises en danger par l’exclusion.

Une caravane reste un toit !

Et

UN TOIT EST UN DROIT !

Ce n’est sûrement pas une suite princière ou une de ces propositions virtuelles d’état ,
mais sûrement mieux que le bitume des rues auquel se parfume la misère des Sans Abri !

Le Village est une réponse instantanée à des besoins tout aussi impérieux, enfin dépouillée de tout formalisme administratif dédaignant trop souvent le caractère urgent d’une situation précaire. Un formalisme qui verse inéluctablement dans des démarches aux attentes sans nom et qui engendrent des espoirs usés par le miroir aux alouettes sans fond et que l’on fait briller en désespoir de cause, allant de renvois de compétences en complexe d’autorité, épuisant et marginalisant encore plus « les laisser pour compte », donc pérennisant les inégalités sociales plus qu’il ne les corrige…

A l’inverse, le Village est certainement une réponse innovante et imparfaite, sans référence réelle…, mais elle a le mérite d’exister puisqu’elle propose enfin d’apprécier le caractère urgent d’une situation précaire, d’y répondre par la prise en charge instantanée, tout en restant à l’écoute d’humains abîmés par certaines gamelles sociales, familiales ou professionnelles.

Bref ! Ce ne sont pas les palabres qui suscitent l’action, mais bien le contraire ! Surtout si on veut rester dans le conscient collectif et répondre concrètement à nos maux sociaux !…

ACTE !

Car devant les inégalités sociales, les dysfonctionnements publics et les carences qui en découlent,
il y a beaucoup à faire sans que l’on se prenne la tête
à chercher qui fait mieux que l’autre…

Car nous ne cesserons pas de rappeler que
s’il y a une guerre à faire, c’est celle de faire reculer la misère,
pas entre nous, acteurs ou intervenants sociaux.

LA MISÈRE N’EST LE MONOPOLE DE PERSONNE,
NI MÊME UN QUELCONQUE MARCHÉ !

Et puis si quelqu’un détenait la solution miracle et universelle :
D’une cela se saurait !
Et de deux :
Nous ne serions pas là à y réfléchir !”

(Extrait de la Charte du 115 DP)

Le Village du 115 DP ne dispose d’aucun personnel spécialisé et n’est pas ou ne sera jamais l’annexe d’Hôpitaux ou d’Institutions d’état en situation d’échec !

Le Village est entièrement AUTO-GERE et encadré par des Particuliers bénévoles,
autonomes et se défendent de ne pas être rétribués ou soutenus par le denier d’état.

L’intégration et le séjour au Village reposent donc sur quelques grands principes :

Le respect à la personne doit en toutes circonstances être de mise.
Délation, ourdi, rumeur, calomnie, diffamation, crise de jalousie à deux balles,
enfin toute forme d’incitation aux conflits y est proscrit !
Rien ni personne ne contraindra un résident à séjourner dans notre communauté.
A l’inverse, rien ni personne ne contraindra la communauté à supporter les comportements asociaux d’un résident au détriment de la sérénité communautaire.

Ne pas être sujet à une quelconque addiction : Alcool, drogue…

TOLERANCE ZERO !

Notre Communauté ne sera jamais un ghetto où l’on cultive les déchéances !
Mais bien un lieu où la reconstruction individuelle est privilégiée au rythme du tout à chacun dans l’exercice d’une solidarité la plus authentique.

Beaucoup trop de centres d’hébergement d’urgence deviennent des cloaques où l’alcool, la drogue, les trafics, le vol, la violence, le viol et autres shémas de l’inavouable s’y entretiennent au lieu d’y être bannis fermement, et ce, parce que l’encadrement se réfugie dans un laxisme qui les cautionne ni plus ni moins à défaut de les éradiquer.

Conscient que la désocialisation reste le berceau des addictions,
le 115 Du Particulier n’a toujours pas, depuis sa création, la prétention de se substituer
aux travailleurs sociaux, aux personnels spécialisés en psy, ni même aux associations ou aux institutions existantes,
mais bien de proposer et de réfléchir à « un coup de main » supplémentaire au devenir du Sans Abri.

Et puis, en toute logique, un citoyen qui dispose d’un pécule suffisant pour acheter sa came ou sa picole, a manifestement les moyens de payer un loyer et ne doit pas prendre la place d’une personne réellement dans le besoin…

Toute inobservation de ce protocole se traduira par le départ sans appel du contrevenant !

Les quinze premiers jours du séjour, tout nouveau résident fera l’objet d’une évaluation sur son intégration. Dans l’hypothèse où cette évaluation ne serait pas favorable à la prolongation du séjour, il lui sera demandé de quitter la communauté.

Le programme de la semaine est déterminée lors d’une réunion hebdomadaire chaque dimanche soir. Un tour de table permet de l’établir et de conjuguer les rendez vous administratifs, les démarches à l’emploi, la répartition des taches communautaires etc…

LES JOURNÉES COMMENCENT A HUIT HEURES !

Pour le bien être communautaire, les tâches ménagères sont une charge collective qui vise son propre bien être tout autant que celui des autres : Vaisselle, lessive, entretien des toilettes sèches, aller aux approvisionnements d’eau, bois, commissions, pain.., participer au “jardin”, distribuer du grain aux poules…
Tenir propre son “chez soi” est impératif !…

Observer les règles d’hygiène comme se laver les mains avant chaque repas
ou avant de manipuler des aliments, entre autre…
Donc pas un travail ou un emploi à part entière, juste un peu de bienséance…

Tout en gardant à l’esprit qu’aucune tache communautaire ne doit être interpréter comme une punition, mais bien comme une nécessité personnelle contribuant au bien être collectif.
C’est une façon de « quitter » le coté végétatif, voire stérilisant dans lequel l’exclusion plonge l’individu, de retrouver et de réaffirmer son autonomie sociale par l’investissement participatif et nécessaire à tout « rééquilibrage » de vie en collectivité.

Avec trois fois rien, on mange à sa faim, on sait où dormir et le Village est là pour aider à redevenir quelqu’un, mais sûrement pas une fabrique “d’assistés de la vie” et ce, toujours dans le respect de l’individu.

Les conditions de vie sont spartiates et elles ne permettent en aucun cas la négligence. Tout report de tâche se fait automatiquement au détriment d’une autre et à pour conséquence de freiner ou ralentir la vie de la communauté.

Une faiblesse est humaine quand elle est spontanée et appréciée comme telle. Lorsqu’elle est calculée, cela s’appelle de la manipulation, donc intolérable.
Ne pas oublier que la misère ne tergiverse pas quand elle s’abat sur quelqu’un !
Unis contre elle, soient forts, nous ne pouvons qu’avancer.

Et il est nécessaire de la combattre avec énergie pour la chasser du quotidien. En ne respectant pas l’entente de la communauté, on la fragilise, donc on s’expose tout en exposant les autres.

Cette communauté vit, rappelons le encore, sans subvention et sa subsistance s’articule autour du partage de fonds propres du fondateur, d’écots généreux de commerçants et de particuliers et d’écots participatifs des résidents.

Sauf contrainte médicale, aucun régime alimentaire d’exception ne sera pratiqué.
Tout le monde est logé à la même enseigne et surtout,
faute de moyen, on mange ce qu’il y a et ce que l’on peut.

La responsabilité civile de chaque résident est couverte par une assurance supportée par la communauté.

La plupart des caravanes sont principalement occupées par un résident afin de préserver le maximum d’intimité.

Le Village a actuellement une capacité d’accueil d’une vingtaine de personnes.

Le Village peut être un guide vers la domiciliation, la délivrance de papiers d’identité ou de cartes diverses, les démarches MDPH, la recherche d’emploi et de logement, l’ouverture de droits comme le RSA, ASS, CMU.., la constitution d’un paquetage de fringues, d’un nécessaire de toilette…

Même si aucun loyer n’est réclamé, le séjour a un coût qui, dans la mesure du possible, et nous insistons sur le “DANS LA MESURE DU POSSIBLE”,
doit partiellement revenir à la charge des résidents.

Lorsque la situation financière du résident le permet et que ces droits sont ouverts ou ré ouverts : Une écoparticipation de 5 euros par jour est convenue.

Une somme bien symbolique pour trois repas par jour, le gaz, le gasoil, etc…

Dans certains cas, les résidents sont démunis de tout en arrivant et rien, aucune participation, ne leur est demandée durant les démarches effectuées pour retrouver leurs droits.

Et cela peut prendre quelques mois avant que certaines situations se débloquent !…

Mais, en conscience, que faire en attendant que cela se débloque justement ?
Laisser crever les gens dehors, voire de faim ?

NOUS NE SOMMES PAS LES POUVOIRS PUBLICS, NI MÊME L’ETAT !!!
NOUS Y RÉPONDONS DANS L’INSTANTE E !!!

Notre action répond sur le champs, légalement et citoyennement
à l’assistance AUX personneS miseS en danger
par des politiques sociales ineptes, obsolètes, irréalistes, décalées, alors indifférentes…

Un fois les droits ouverts, le résident décidera en toute liberté du devenir de son séjour :
-Soit de rester avec écoparticipation,
-soit de vivre ailleurs avec ses nouvelles ressources.

En cela : Ni commerce, ni exploitation, ni obligation !
Juste une entente humaine, tacite et claire !

LIBRE

Entre Particuliers pour une communauté AUTO-GÉRÉE.

Deux véhicules personnels sont mis à la disposition des résidents qui ont le permis de conduire.
Sinon quelques vélos sont aussi mis à disposition et très bientôt une flotte de mobylettes.

Fort de répondre depuis prés de cinq ans aux besoins vitaux du laisser pour compte, le Village s’engage aujourd’hui en exploitation forestière et y adjoint l’insertion professionnelle en y créant le premier parc d’insertion professionnelle ouvert prioritairement aux Sans Abri.
Ateliers et Chantiers d’Insertion sont développés au sein de notre exploitation dont les objectifs visent l’acquis professionnel dans les métiers forestiers : Bûcheronnage, élagage, paysagisme, entretien d’espace vert…

Cette initiative de Particuliers s’inscrit pleinement dans l’esprit des statuts de l’Association
“115 Du Particulier”
enregistrée sous le n° W774005103

Brann du Senon
Concepteur de cette initiative
Président du 115 DP