Sans destin fixe, mode d’emploi!

Lorsque l’on est bien calé dans son quotidien, le sans abrisme n’a rien de prioritaire dans l’esprit des gens et on vit à côté sans vraiment le voir… Il y a bel et bien une logique à cela… D’un côté, les engagements sociaux des uns et des autres, le boulot, les contraintes matérielles assujetties à la régularité des salaires, les devoirs familiaux… finissent par ne laisser que très peu de place dans nos vies de tous les jours pour autre chose…

D’un autre côté, « les égoïsmes » qui en découlent, en deviennent presque légitimés et sont passablement entretenus par une politique sociale saisonnière que les médias relaient en l’absence de « sensationnel »…
S’ajoute à cela les enrobages populistes et les jugements avinés qui parfument si bien l’exclusion quand il n’y a rien d’autre à faire que démissionner…

Ainsi va la loi du mépris qui encense le système : Faire l’autruche !…
En somme, un clodo, ça n’a le droit de citer qu’en hiver.
Mais qu’en est-il le reste du temps ?
Qui, en réalité, se soucierait que l’exclu n’a pas le même calendrier qu’un pékin inséré dans le mouv’ social ?
Évidemment, un clodo, ça ne rapporte rien à la collectivité…
Ça coûte du RSA !

C’est vrai qu’avec 500 balles, c’est le bonheur qui frappe à la lourde…
Sauf qu’un clodo reste un homme à part entière et sa misère n’a pas vraiment de trève, avec ou sans RSA…
L’hiver, c’est toute l’année !…
Le dernier rapport 2016 de la fondation Abbé Pierre dénombrait 894 500 personnes privées de domicile personnel, soit des gens qui n’ont pas de toit à eux ou plus communément appelés Sans Domicile Fixe puisqu’ils n’ont pas de boite aux lettres (fiscale) rivée sur le sac à dos…*

A savoir que ce chiffre ne peut être qu’approximatif, étant donné qu’il s’agit là de personnes ayant eu accès aux services sociaux, exclusivement et qui par le fait, ont laissé des traces administratives. la réalité en est toute autre… Le double peut être ?… En effet, comment recenser avec précision CEUX qui ne font pas appel aux services sociaux et ce pour « X » raisons ? (Méconnaissance du droit au logement, méfiance administrative, lenteur, découragement par exemple…)
En parallèle, en janvier 2014, l’INSEE recensait 2 640 000 logements vacants en France. Certes, tous ces logements vides ne le sont pas toujours pour les mêmes raisons : immobilisme financier, insalubrité, etc…**
Au vu de ces chiffres livrés brut de pomme en pâture médiatique et qui révèlent néanmoins un sérieux malaise social, comment ne pas se surprendre à se demander pourquoi le Sans Abrisme existe ?

Oui, comment ne pas être amené à faire un calcul sommaire qui induirait cette réflexion ?
Prenons ces 2 640 000 logements VIDES divisés par les 894 500 personnes privées de domicile personnel…
Cela donne un peu plus de TROIS possibilités de logement par individu !
Force est de constater que ce résultat suscite comme un arrière goût d’injustice sociale et laisse entendre que le sans abrisme n’est pas le fait du simple manque de logement !

Un constat qui n’en reste pas moins antinomique aux règles républicaines, notamment le Droit Au Logement Opposable (DALO) instauré par la loi n° 2007-290 du 5 mars 2007*** et les articles L.345 2-2 et L.345 2-3 du Code de l’action sociale et des familles ****
Entre autres, puisqu’il existe aussi tout un dispositif juridique concernant la réquisition de logements vides*****
Par conséquent, si ces lois étaient observées comme il se doit, il n’y aurait pas de SDF dans nos rues.
Alors pourquoi les pouvoirs publics et les élus ont ils toute latitude de ne pas observer la législation française en matière de droit au logement, et ce en toute impunité apparemment, puisque cette situation perdure au rythme des inégalités qui s’accroient ?
A qui peut bien profiter cette situation qui prive quelques 894 500 personnes de dignité citoyenne ?
Car il s’agit bien de dignité citoyenne quand un être est privé de toit… L’hygiène devient aléatoire, le repos, la stabilité sociale en somme, soit le droit à la vie normale, équilibrée…

Rappelons ici les dispositions de l’article 25 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme :
“Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme
Article 25. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.”
Cette déclaration qui fait partie intégrante du bloc de constitutionnalité français ! Et dont la France cherche à s’écarter au nom d’un état d’urgence… Mais quelle France le souhaite ?…******

Quelles prérogatives peuvent alors autoriser les pouvoirs publics et les élus de mépriser les fondements mêmes de la constitution française ?

L’Etat est donc HORS LA LOI en se plaçant au dessus des lois qu’il impose aux citoyens !
AU NOM DE QUOI CETTE INJUSTICE SE BANALISE ?
Serait-ce au nom du Peuple Français que l’on réprime pourtant à la moindre infraction ?
Que comprendre ?
Brann

*http://www.fondation-abbe-pierre.fr/21e-rapport-etat-mal-lo…
**http://www.francetvinfo.fr/…/2-6-millions-de-logements-vaca…
***http://invalid.invalid/
****http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do…
*****http://www.adil31.org/…/Adi…/publications_pdf/log_vacant.pdf
******http://fr.wikipedia.org/wiki/Bloc_de_constitutionnalit%C3%A9