Marche ou crève!

Depuis cinq ans, c’est la vie du Village du 115 Du Particulier…
Cette communauté de Sans Abri…
Un endroit qui « n’existe » pas vraiment sur les tablettes sociales, celles du monde…
Un autre monde presque…
En résistance…

En autarcie, aussi, par la force des choses…
Dans un concept auto-géré…
Parce qu’à force de vivre sans réel mode d’emploi social viable et dans cette incommunicabilité que le matérialisme impose dans sa course où l’humain a de moins en moins de place, on ne peut que verser dans l’exclusion, la marge et la réaction si on veut survivre !

Oui, ce n’est plus de la vie, mais de l’instinct de survie…
Alors livré à soi-même, il n’y a pas trente six solutions : C’est marche ou crève !
Car la misère, quand tu la prends dans la tronche, elle ne tergiverse jamais !
Elle frappe sans pitié !

Pas d’autre choix possible si tu veux connaître un lendemain…
Et puis en conscience, n’ayant rien, qu’aurait-on de plus à perdre ?
Pourquoi continuer à courir après « des modèles sociaux d’insertion inaccessible » eux mêmes en situation d’échec, tendant à planifier le no-futur de notre propre équilibre, de notre propre avenir ?
A moins d’être maso, pourquoi continuer à se cogner la tête contre des portes irrémédiablement closes par l’égoïsme qu’engendre la « surconsommation » aveugle et sourde des autres ?

Où est l’intérêt d’y vivre plus longtemps por y crever sans réagir ?
Pourquoi se traîner à longueur de vie des gamelles sociales, familiales, professionnelles qui rognent l’espoir d’un demain plus paisible ?
Le contraire de l’égoïsme reste le partage et il ne peut disparaître que par une solidarité raisonnée.
L’Abbé le disait et je ne fais qu’en être l’écho à travers le 115 DP…
Pas de compteur d’eau, ni électrique, sans boîte aux lettres accrochée au sac à dos, sans repère qui rattache à la norme…
Privés de reconnaissance sociale, on s’est pris par la main et on a créé un lieu où on existe à nouveau : Le village… NOTRE VILLAGE !
Et puis pourquoi continuer à prendre des rendez-vous superflus avec le système, soient les factures du proxénétisme social légalisé alors que tu ne sais pas où bouffer, ni même où dormir ?… Ces factures qui sont issues de besoins artificiels liés aux dépendances sociétales , ces drogues imposées d’état, la norme quoi !…
Un SDF sur quatre bosse et dort dans une cave ou dans une bagnole !
Elle est où la justice sociale, là ?

J’affirme que l’autarcie est une réponse, pas la réponse, même si elle engage une « démerde » qui verse dans des techniques maquisardes… Récupe’, recyclage, micro élevage, jardin…
A la finale, on ne coûte toujours pas une thune à la collectivité puisqu’on mange grâce aux poubelles des supermarchés !
On ne vit pas des restes, mais des rebuts, un peu comme on nous « classe »…
C’est donc une histoire logique qui ne déborde pas de son cadre…
ON NE DOIT RIEN !

Quelque part, c’est de la légitime défense pour que vive l’auto assistance à personnes mises en danger…
Calée en mode survie qui se libère peu à peu du joug matérialiste, ELLE a la chance d’avoir son endroit à elle…
Et la preuve que cela est accessible !
Que cela n’arrive pas qu’aux autres !
Il suffit d’en chasser le doute !

L’homme a trop besoin de s’exprimer pour exister, pas de se taire !
Il n’est pas né pour mourir socialement !
Crever dans l’anonymat, d’accord, mais debout !
C’est une façon de découvrir qui on est vraiment puisqu’on se surprend enfin à laisser parler l’ humain, le vrai, celui qui ne coûte pas grand chose et qui forge les rapports authentiques parce que le coeur se libère ENFIN de chaînes inutiles quoi…
C’est bon d’être soi, de s’appartenir et de ne plus porter des costumes jamais à sa taille, trop étriqué ou trop large, ceux qui mettent mal à l’aise la plupart du temps et qui interdisent toute considération pour l’autre, ceux qui se plient aux regards de l’égoïsme, ce diktat « étrangement » étranger de son propre regard.
Juste un costard à sa taille, celui qui ne rentre que dans une case : La sienne, pas celle du voisin, ni plus ni moins, soit sa place.

Un costard qui, rappelons le encore et encore avec détermination, demande à chaque instant des efforts de cohérence et qui ne peut pas compromettre son devenir dans l’alcool ou la came sans risquer de continuer à vivre dans la fuite et l’assistanat. Sans investissement personnel, rien n’est possible.
Et puis, entre le festif occasionnel qui réunit des potes de temps en temps et la dépendance de tous les jours liée à la consommation de produits « illicites et chers », il y a une frontière qui n’est pas toujours visible quand on verse quotidiennement dans un monde artificiel, faute d’être conscient des réalités de la vie, et en l’occurrence de cette misère qui ne fait jamais de détail quand elle s’abat sur l’homme.

C’est pourquoi notre Village ne sera jamais un ghetto et se mettra à l’abri de ceux qui n’ont pas la volonté de se reconstruire.
Dans notre Village, on ne se contente pas d’y REVIVRE avec trois fois rien…
Parce que avec ce trois fois rien, on trouve TOUJOURS le moyen d’en redistribuer !
Oui, les gens de ce village maraudent à leur tour, s’organisent pour soutenir les plus démunis en offrant la soupe, des fringues, des abris…
L’essentiel…
Partage…
Solidarité…
Avec Vous et grâce à Vous
Brann du Senon

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