Depuis que je suis né, au siècle dernier, la misère est devenue ma seule patrie.
D’une, n’ayant pas choisi, livré à moi même, sans mode d’emploi tangible, j’ai grandi en son sein et appris la plupart des techniques « maquisardes » pour y survivre, légales ou pas. En cela réside ma seule liberté puisque n’ayant rien, qu’aurais je de plus à perdre que d’ignorer les règles qui en interdisent l’égalité des chances dans cette vie en société où se berce l’exclusion ?
Au nom de quel bonheur surfait me ferait on respecter autre chose que le droit à la vie ?
Donc je me surprends à rêver d’un monde meilleur, à ma façon, sans règle définie et j’avance à vue…
Et puisque la destinée de chaque humain est de mourir dans un coin, je ne vois pas qui sur cette terre m’interdirait de crever l’arme à la main plutôt qu’un genou à terre ?
Ce n’est pas exceller en délinquant que de survivre de la sorte, juste de la légitime « défiance » à l’égard de ce que l’on m’impose depuis que j’ai ouvert les yeux sur ce monde si glauque…
Je ne suis pas jaloux de ce que les autres peuvent avoir, mais pourquoi eux et pas moi ?
Pour que tout le monde soit content, cela ne tiendrait à pas grand-chose…
Un brin de partage…
J’ai donc choisi le partage du peu que j’ai comme arme de proximité…
Deux, le toit et le casse croûte sont existentiels et j’ai vite appris qu’il fallait se battre pour ça, si je voulais me réveiller le lendemain matin… Et ça, c’est pareil pour tout le monde, avec ou sans moyen…
Pas besoin d’allumer la télé, ni même d’entendre les salamalèques politiques pour épiloguer sur un frigo vide qui n’offre que le vent à croquer et la froidure d’une unique couverture : les étoiles. On passe tout son temps à chercher à bouffer et un endroit pour s’abriter, on appelle cela l’instinct de survie et cela peut durer toute une vie de ce que j’en vois…
Difficile de capitaliser de la sorte et s’il y a une chose que l’on engrange, ce sont les rides du temps qui passe…
L’injustice a su marquer le cuir qui me sert de peau…
Mais, même si je suis blindé à force d’en prendre dans la tronche, je n’ignorerais jamais ces enfants qui ne choisissent pas d’avoir faim et froid et qui grandissent à l’abri du partage… à en devenir Sans Destin Fixe !
Alors construisons ensemble cette maison qu’est le 115 Du Particulier pour leur restituer cette dignité du tout à chacun.
Partage…
Brann du Senon
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