Et si je t’emmenais dans la vraie vie ?

Et si je t’emmenais dans la vraie vie ?
Tu sais celle où on te demande de te réveiller pour te rappeler comment ça pique ?
A moins que l’injustice sociale soit tellement banalisée qu’elle se confond avec le paysage et que tu ne sois plus capable de faire la différence ?
Ce matin, comme tous les matins depuis sept ans, je fais ma revue de presse autour d’un thème : Le sans abrisme. Un sujet auquel la presse accorde un intérêt « très » saisonnier, donc rarement développé faute de sensationnel. Chaque jour, Il me faut « fouiller » large pour dégoter l’info qui mérite le jus de la réflexion et là, ce matin, on en tient une !
« Le nombre de familles à la rue logées dans des hôtels ne cesse d’augmenter. »
« (…) Avec la hausse de la précarité qui touche les familles, ce chiffre a explosé. Le ministère de la Ville et du Logement parle de 40 000 nuitées là où les associations en évoquent 45 000. Le tout pour une facture annuelle, réglée par l’État, estimée à 327 millions d’euros en 2017. Une spirale dont veut sortir le ministre en charge du dossier, Julien Denormandie. (…) »
Selon le Samu social, 600 hôtels seraient mobilisés pour ce type d’accueil.*
De toute évidence, il y a le caractère urgent de mettre à l’abri que l’on peut comprendre… Mais quand on y regarde de près, l’urgence a bon dos !
En effet, dépense t’on 327 millions d’euros d’un seul coup d’un seul pour héberger les 45 000 familles dont il est question ?
Ça en fait des ronds pour une solution non pérenne, et non pas LA solution !
Réfléchissons un peu…
En 2016, l’INSEE recensait 100 000 logements vides à Paris.**
Donc 100 000 logements pour 45 000 familles… Soit deux possibilités de logement par famille…
Sachant que l’ordonnance du 11 octobre 1945 permettrait LÉGALEMENT la « réquisition » de ces logements sans faire trop d’efforts, enfin moins que ceux que l’on « SUR-déploie » dans les procédures d’expulsion avant la fameuse trêve hivernale, qui elles restent foncièrement ILLÉGALES puisqu’elles ne s’ensuivent pas de relogement LÉGALEMENT prévus, faute de « fonds de commerce » ou d’un parc de logements sociaux pouvant répondre aux besoins inéluctablement « créés »…
Faisons comme si cet arsenal de lois n’existait pas et imaginons que l’on attribue la somme de 3000 euros par famille, représentant en gros la caution et les deux premiers mois de loyer afin d’orienter et « accompagner », de façon plus pérenne…, les dites familles vers un de ces logements vides…
Donc 45 000 familles multipliées par 3000 euros, cela donne 135 millions d’euros !
On réaliserait une économie globale de 192 millions d’euros sur les 327 millions dédiés à l’hébergement hôtelier d’urgence.
Allons plus loin dans ce raisonnement : Et si, en attendant de créer un parc de nouveaux logements sociaux pouvant résorber une bonne partie du problème, on dédiait, en transition, ces 192 millions à la création d’un parc de logements « ALTERNATIFS » : Algécos aménagés, etc…
Pour info : Un bungalow neuf basique de chez Algéco vaut 3750 euros HT.***
Bien sûr, sans équipement et sans lieu pour le poser. Cependant, soyons sûr que pour moins de 10 000 euros, on peut réaliser un logement alternatif…
Avant de te laisser à tes réflexions, je vais quand même te rappeler trois textes de loi française :
Article L345-2-2 (code de l’action sociale) « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. Cet hébergement d’urgence doit lui permettre, dans des conditions d’accueil conformes à la dignité de la personne humaine, de bénéficier de prestations assurant le gîte, le couvert et l’hygiène, … »
Article L345-2-3 : « Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y bénéficier d’un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite, jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée. Cette orientation est effectuée vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation. » Loi de réquisition des logements vacants :
Article L641-1 (code de la construction) : « Sur proposition du service municipal du logement et après avis du maire, le représentant de l’Etat dans le département peut procéder, par voie de réquisition, pour une durée maximum d’un an renouvelable, à la prise de possession partielle ou totale des locaux à usage d’habitation vacants, inoccupés ou insuffisamment occupés, en vue de les attribuer aux personnes mentionnées à l’article L. 641-2. »
EN FAIT, SI LA LOI ÉTAIT RESPECTÉE EN FRANCE, IL N’Y AURAIT PERSONNE A LA RUE !!!
Brann du Senon
*https://www.samusocial.paris/heberger-et-accompagner
**https://www.20minutes.fr/…/1866327-20160615-paris-trop-plei…
***https://marchandise-pro.com/bunga…/479-algeco-prix-neuf.html

http://www.leparisien.fr/societe/les-hotels-ces-impasses-ou-l-on-entasse-les-familles-venues-de-la-rue-31-10-2018-7931895.php?fbclid=IwAR2lG1BYdfrSJurFxjKPb-8IDdkuNowfKH5X3o-WzINb3VvlNfsQWGT4x04