LA MISÈRE SE CONJUGUE PAR TOUS LES TEMPS !!!

Voici huit ans, en mars 2012, notre Village accueillait Patrick R. qui avait 51 ans à l’époque et Sans abri depuis trois ans.
Trois ans d’errance, de détresse morale et de barrières sociales qui ont fini par le désocialiser jusqu’à l’exclusion…
Trois ans d’accueils aléatoires « au gré des disponibilités» en centres d’hébergement d’urgence, soit au petit bonheur la chance, et toujours en dépit des intempéries et ce en alternance avec le quai d’une gare, une cage d’escalier, un abri de bus ou une cave !…
Trois ans à appeler, chaque soir, le 115 National tout en sachant que 75 % des appels reçus par cet organisme restent sans réponse…
Trois ans sans pouvoir se projeter faute d’avoir l’esprit suffisamment dégagé de ces questions récurrentes du savoir où dormir et du savoir où manger ?
Des questions très souvent sans réponse qui interdisent à tout citoyen d’entamer de façon pérenne des démarches locatives ou d’emploi…, soit de penser à autre chose, comme un avenir plus juste… plus social…
D’autant plus que les centres sont fermés en fin de trêve hivernale…
Donc structure d’urgence inexistante.
Et quand bien même il en existerait, où peut-on être informé PUBLIQUEMENT de certaines disponibilités ?
Aucun affichage municipal et public ne va en ce sens, en FRANCE !!!
Au Village du 115 Du Particulier, lieu de transition où le temps appartient au temps et où la « MISE A L’ABRI » répond à une ASSISTANCE A PERSONNE EN DANGER qui se matérialise réellement au delà des mots !
Là où l’humain essaye de se reconstruire à travers un schéma CONCRÊT et dépouillé de tout formalisme imposé d’ETAT en matière d’urgence !
Là où la DIGNITÉ CITOYENNE reprend instantanément SES DROITS !
Le temps de retrouver « certains repères » de vie et nous voilà accompagnant Patrick dans « sa » reconnaissance administrative…
N’ayant plus aucune archive papier inhérente à son passé social ou à son identité, la tâche n’est pas simple…
-14/05/2012 : Domiciliation au CCAS de Nemours et ce, malgré l’absence de carte d’identité
-14/05 : Tentative de déclaration de perte de papiers d’identité au Commissariat de Nemours (refusée faute de pouvoir produire un extrait de naissance…)
-15/05 : Demande d’extrait de naissance par internet
-22/05 : Réception de l’extrait de naissance
-22/05 : Déclaration de perte de papiers d’identité auprès du commissariat de Nemours
-22/05 : Démarche auprès de la caisse d’assurance maladie de Nemours pour obtenir une attestation de couverture sociale. REFUSÉE faute de pièce d’identité, malgré la production de son numéro de sécu et de l’extrait de naissance.
-22/05 : Prise de contact avec le centre d’insertion social de Nemours en vue d’une ouverture de droits au RSA. RDV le 28/05 à 8h30
-27/05 : Collecte au Village pour permettre à Patrick de faire des photos d’identité et s’acheter un timbre fiscal à 25 euros pour refaire sa carte d’identité.
-28/05 : Présentation au RDV du CIS de Nemours pour s’entendre dire que ce n’était pas sous cette enseigne, mais sous celle du CCAS qu’il fallait effectuer les démarches RSA
-28/05 : RDV pris au CCAS pour le 08/06 à 10h30
-28/05 : Démarche auprés de Sous préfecture de Fontainebleau pour la délivrance de son duplicata de permis de conduire. Pièces à fournir : Déclaration de perte, deux photos d’identité, attestation de domicile et…pièce d’identité ! (deux mois de délai de CNI + le délai de délivrance de permis!?)
-01/06 : Demande de carte nationale d’identité à la Mairie de Nemours (Deux mois environ!)
-08/06 : RDV au CCAS avec l’assistante sociale qui précise les pièces à fournir pour l’ouverture aux droits du RSA : Pièce d’identité, attestation de domicile (CCAS…), Relevé d’identité bancaire et attestation sécu…(deux mois de délai, puisqu’il faut la CNI pour l’obtenir!)
-11/06 : Tentative d’ouverture de compte en banque à la Poste, impossible sans production de CNI.
A savoir que notre Village du 115 Du Particulier, initiative reposant exclusivement sur la « générosité » de citoyens, se trouve à 17 kilomètres de Nemours et n’est pas desservi par des transports en commun réguliers. Donc on se débrouille avec cette solidarité AUTO-GÉRÉE et ses frais d’essence !
Le cas de Patrick n’est hélas pas un cas isolé…
Voici plus de sept ans que le 115 Du Particulier « aide à ces retours à la dignité citoyenne » et ce, HORS SYSTÈME !
Les principales questions qui nous sautent à la tronche sont :
Si le 115 Du Particulier n’existait pas, où Patrick pourrait-il manger sans commettre d’infraction ?
En mendiant ?
En fouillant les poubelles ?
Au risque de se faire emballer par la police municipale ?
En se livrant à quelques grivèleries pouvant entraîner son incarcération ?
Devrait-il attendre un minimum de CINQ mois (deux mois de délais de CNI + le délai BIEN inconnu de reconnaissance de droits) pour percevoir le RSA pour enfin REPUBLIQUEMENT pouvoir casser la croûte ?
Combien de temps lui faudra-t’il attendre pour se laver ?
Pour dormir au « sec »?
Attendre peut être, l’hiver prochain, la réouverture des centres d’hébergement d’urgence ?
Que doit-on faire pendant ce temps là ?
Laisser crever Patrick et se livrer à une non assistance à personne mise en danger par BÊTISE ADMINISTRATIVE ET MÉPRIS SOCIAL ?
EST-CE A CELA QUE SERVENT NOS IMPÔTS ?
SOIT A ENTRETENIR L’EXCLUSION ET CULTIVER LES LAISSER POUR COMPTE !!!
Faut-il préciser ici que Patrick a cotisé pendant ses 29 ans de travail ?
Que le marché du travail pour les seniors est sur la position « perdu de vue » ?
Au delà des blablas politiques,
NOUS EXIGEONS UNE RÉPONSE IMMÉDIATE DE LA COLLECTIVITÉ ET DE SON EXÉCUTIF !
LA FAIM DE CITOYENS N’ATTEND PAS,
IL S’AGIT D’UN DROIT DE VIE !!!
DE NOS VIES !
RAPPEL :
Déclaration universelle des droits de l’homme
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme
Article 25
1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
Patrick est aujourd’hui un pilier de notre communauté.
Mais soyons clair, dans quelle vie l’action sociale française peut faire ce que nous faisons ?

AUCUN TRAVAILLEUR SOCIAL,
EN FRANCE,
NE DISPOSE D’UN TEL FOND DE COMMERCE !!!

Brann du Senon