COUP DE MAIN à la Famille MASSON

Voici huit ans, presque jour pour jour…
Vendredi 5 Avril 2013, 17 heures,
Nous recevons un coup de fil de Madame MASSON :
« Je vous téléphone de la part de la Croix Rouge Française de Nemours
qui pense que vous pourriez nous aider…
La maison de mon fils à brûler, avant hier et il ne reste rien.
N’ayant pas de place chez nous, il dort par terre sur la paillasse
des chiens !
Est-ce que vous auriez une caravane à nous vendre ? »
Deux heures plus tard, nous déposions une caravane pour que
Jean Pierre retrouve un lit !
Mais quand nous sommes arrivés, le temps n’avait pas d’influence
sur les gens qui vivaient là, ni même l’endroit qui, comme figé,
nous transportait au siècle dernier, début des années soixante,
dans les bidonvilles de Villeneuve Prairie…
Comme là d’où je…
Tout y était…
Les fenêtres rafistolées avec un bout de plastique…
Les bouts planches et de ferraille assemblés par la détresse…
Les morceaux de vie qui traînent de part et d’autres…
Les pelures de légumes balancés aux quatre poules…
Une bille de bois dessinée à la hache…
Des bouteilles vides d’un vin ordinaire qui pique probablement la gorge…
Sans électricité…
En fait, EDF ne veut pas raccorder ces citoyens, sous prétexte que
leur « maison » est placée sous une ligne haute tension !
Mais on vit où on peut !
Un vieux gars de 38 ans, le Jean Pierre, simple…
Tellement simple qu’il ne sait même pas comment on fait
pour toucher le RSA…
Et le père, en retraite agricole, qui attend désespérément le complément
et qui fait avec 400 balles par mois…
Et cette femme engoncée dans une blouse maculée qui se perd
en excuse de ne rien pouvoir nous offrir à boire…
Et traînant la mule trouée, la voilà qui nous tend une poignée
de billets pour nous remercier !…
« Gardez vos sous, Madame… »
Au moment de partir, Jean-Pierre caresse la tête de son chien
et lui dit : « Tu vas pouvoir dormir au chaud cette nuit… »
Pour la plupart des gars qui m’accompagnaient, alors qu’ils ont
connu la rue…, Peu avaient touché la misère comme ça, d’aussi prés…
Ça claque au 21 ème siècle !
Un bidonville à même pas 800 mètres des plus belles maisons de
Seine et Marne, dans la vallée du Lunain et ce, sans que cela étouffe
ou dérange la bourgeoisie qui les occupe, trop soucieux de remplir
leur quotidien par l’égoïsme et l’individualisme !
Des enfoirés qui passent tous les jours devant dans l’indifférence générale,
par mépris de toute évidence !
Au nom de ces petites gens !
Le 115 Du Particulier doit se battre
pour que l’égalité des chances existe aussi pour eux,
car au même titre que ces ordures de nantis,
ces êtres humains ont droit à la dignité citoyenne !
Il s’agit d’un dû républicain !
Et puis parce que c’est aussi la loi !
Brann du Senon