L’actu des membres

  • J’ai 56 ans

    Depuis que je suis né, au siècle dernier, la misère est devenue ma seule patrie.

    D’une, n’ayant pas choisi, livré à moi même, sans mode d’emploi tangible, j’ai grandi en son sein et appris la plupart des techniques « maquisardes » pour y survivre, légales ou pas. En cela réside ma seule liberté puisque n’ayant rien, qu’aurais je de plus à perdre que d’ignorer les règles qui en interdisent l’égalité des chances dans cette vie en société où se berce l’exclusion ?
    Au nom de quel bonheur surfait me ferait on respecter autre chose que le droit à la vie ?
    Donc je me surprends à rêver d’un monde meilleur, à ma façon, sans règle définie et j’avance à vue…
    Et puisque la destinée de chaque humain est de mourir dans un coin, je ne vois pas qui sur cette terre m’interdirait de crever l’arme à la main plutôt qu’un genou à terre ?

    Ce n’est pas exceller en délinquant que de survivre de la sorte, juste de la légitime « défiance » à l’égard de ce que l’on m’impose depuis que j’ai ouvert les yeux sur ce monde si glauque…
    Je ne suis pas jaloux de ce que les autres peuvent avoir, mais pourquoi eux et pas moi ?
    Pour que tout le monde soit content, cela ne tiendrait à pas grand-chose…
    Un brin de partage…
    J’ai donc choisi le partage du peu que j’ai comme arme de proximité…

    Deux, le toit et le casse croûte sont existentiels et j’ai vite appris qu’il fallait se battre pour ça, si je voulais me réveiller le lendemain matin… Et ça, c’est pareil pour tout le monde, avec ou sans moyen…
    Pas besoin d’allumer la télé, ni même d’entendre les salamalèques politiques pour épiloguer sur un frigo vide qui n’offre que le vent à croquer et la froidure d’une unique couverture : les étoiles. On passe tout son temps à chercher à bouffer et un endroit pour s’abriter, on appelle cela l’instinct de survie et cela peut durer toute une vie de ce que j’en vois…
    Difficile de capitaliser de la sorte et s’il y a une chose que l’on engrange, ce sont les rides du temps qui passe…

    L’injustice a su marquer le cuir qui me sert de peau…

    Mais, même si je suis blindé à force d’en prendre dans la tronche, je n’ignorerais jamais ces enfants qui ne choisissent pas d’avoir faim et froid et qui grandissent à l’abri du partage… à en devenir Sans Destin Fixe !

    Alors construisons ensemble cette maison qu’est le 115 Du Particulier pour leur restituer cette dignité du tout à chacun.
    Partage…
    Brann du Senon

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  • FLAGRANT DÉLIT D’INTOX

    Avec de telles inepties enseignées aux gamins, comment peut-on espérer avoir une action sociale de demain objective et réaliste ?
    Exemple : On parle ici de 141 000 sdf dont 30 000 enfants. Mais d’où sort ce chiffre qui ne ressemble à rien ?

    Si l’on considère que nous disposons en France d’un parc de 120 000 places d’hébergements d’urgence comme il est si souvent balancé par les pouvoirs publics en pâture médiatique, il ne devrait y avoir que 21000 personnes sur le carreau, donc sans solution d’hébergement.
    Alors pourquoi le Samu social, grand gérant du 115 national, soit de ce parc de 120 000 places, pleure à qui veut l’entendre que 75 % des demandes de mises à l’abri qui lui sont adressées restent sans solution ?

    Est-ce que les 21 000 personnes privées de solution représentent les 75 % en question ?

    Je ne suis pas un fer en maths, mais il manque ici plus d’une retenue !

    Et c’est ce type d’informations que l’on inculque aux mômes, soient à ceux qui sont censés assurer l’avenir de l’action sociale française…
    Mise à part prendre le mur, je ne vois pas comment nous pourrions éradiquer le problème SDF avec ce genre de conneries !
    Personnellement ma colère a encore de beaux jours face à ces antinomies parce que l’exclusion et l’inégalité des chances ne sont pas prêtes de disparaître du paysage de l’abjection.

    Qui m’aime me suive !

    Brann du Senon

    https://www.infirmiers.com/etudiants-en-ifsi/cours/cours-pauvrete-etymologie-signification.html

  • Rappelles toi … Martial!

    Rappelles toi, déjà quatre ans sur cette même route…

    Les News du Village
    du 13/04/13
    Six heures du mat’…

    Le ciel porte encore un fichu gris sur des cheveux mouillés…
    Et la vie peine à voir le jour…
    Le téléphone sonne…
    Déjà…

    Martial vient de fermer son parapluie…
    Le 26 février, on accueillait Martial !
    Il mettait le clignotant après avoir passé prés de quatre ans
    à la rue…

    La vraie rue, les ponts, le froid tout le temps…
    La rue qui esquinte de partout et qui met des beignes là
    où y faut pas !
    Là où on n’a pas vraiment mal, mais qui sournoisement
    ronge la paillasse jusqu’à ce que…
    Boucan, casse couille, décalé, perché…

    Fâché avec la savonnette, accroc à la batterie et
    le rythme à fleur de peau, il barrait dans des solos de
    bidon ou de couvercle de poubelle… Sur Seine…
    Au son des courants d’air…

    Il fumait de tout et de rien, et souvent de rien, du n’importe quoi…
    Des mégots ramassés dans les couloirs du métro…
    Des feuilles d’arbre roulées dans du journal…
    Pas vraiment pour arranger les éponges…
    Bien qu’érudit, la réalité n’avait pas d’emprise sur lui…
    Tant qu’il y avait de la lumière…

    Un gamin de 50 piges qui avait vu son Daron se tirer une balle
    dans la tronche et une mère barrée en HP et y finir sa route…
    Forcément, ça marque à…vie……
    Le 30 Mars, Martial ne se sentait pas bien…
    La boite à rythme avait des ratés…

    Pompiers… Urgence… Observations… Urgence !
    Le 8 avril, transfert à la salle Pé’ !
    Perf ! Opération à cœur ouvert pour des caillots…
    Le palpitant a tellement morflé par l’abus du« sans confort »,
    qu’il a fallu le placer tout de suite en « complète assistance artificielle »,
    après…

    Pas seulement le cœur, mais aussi les reins… Les poumons…
    Diagnostic émit par le chirurgien :
    « 10% de chance de surmonter l’opération tellement il est touché !…
    Il faudrait le transplanter… Mais avec la vie qu’il mène, pas sûr
    que cela tienne… Et puis cela coûte cher… Fin de l’histoire ! »
    Voilà comment on te range un homme « de rien »…
    Voilà comment on crève par la volonté d’un serment d’hypocrite
    au service de l’oseille !

    Que Martial soit attaqué comme il l’était, n’avait-il pas droit d’être un homme
    à sauver et non un tiroir caisse à transplanter ?
    Tu pues chirurgien !
    J’ai envie de dégueuler, là ! Tout de suite !…
    J’ai la haine qui me broie la boy ace comme ce n’est pas permis !
    Bande d’enc….és !

    En 2013, comme en 2017, Sauver un homme ne tient qu’à l’oseille !
    Écoutes Martial !
    Ce n’est pas parce que tu viens de rater ta dernière répéte’,
    que tout va s’arrêter !
    J’ai moi même raté une manif’ cet après midi pour être encore
    un peu avec Toi…

    Écoutes, Nous allons continuer pour Toi !
    Nous allons continuer pour que les « Comme Toi » soient une fois
    pour toutes : RESPECTE !!!

    Nous allons leur faire comprendre à ces ordures que la vie n’est pas
    une question d’oseille, mais un droit inaliénable !

    So long Broth’
    Sur fond de « Starway to heaven » de Led Zep
    Brann du Senon

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  • La pauvreté a aussi des droits!

    Sans Abri est un terme généraliste englobant divers publics fragilisés par l’exclusion sociale qui s’articule et se développe essentiellement autour de gamelles sociales, locatives, familiales ou professionnelles, parfois plusieurs d’entre elles à la fois…
    Jeunes, moins jeunes, vieux, familles complètes partent à la dérive…

    Nul ne sait jusqu’où ?…

    Des publics qui n’en restent pas moins composés de gens comme toi et moi, du monsieur tout le monde en passant par le bourge, bref, venant de partout avec pour destination la misère !
    Tout en gardant à l’esprit que la misère n’a toujours pas de carte de séjour, ni même de frontière universelle et qu’elle n’est pas saisonnière…

    Interpellés par l’accroissement des dégradations sociales, la démission progressive des politiques en matière de lutte contre la précarité et les dysfonctionnements des pouvoirs publics qui fonctionnent avec des fonds de commerce de plus en plus vides, de moins en moins adaptés, voir ineptes faute de reposer sur une information « réaliste » de terrain, il nous incombe, Nous : Citoyens, de se prendre en charge, d’entendre cette actualité, d’y réfléchir et de mettre en œuvre de nouvelles prises en charge de ces « Laisser pour compte » afin d’éviter que les morgues ne soient fréquentées par ces victimes de l’indifférence…
    La désensibilisation, voir le mépris qu’engendre nos égoïsmes sociaux, sont inéluctablement à l’origine des 501 morts de la rue recensées en 2016 par le Collectif des morts de la rue…

    70 depuis le début de l’année 2017…

    Des inventaires qui sont loin d’être exhaustifs, puisque ce sont les « faces » connues de l’iceberg et portées à notre connaissance par le biais d’informations disparates et étrangement fort peu relayées par les médias. Aux yeux de ces derniers, il y a sûrement plus intéressant dans l’actualité que des clodos qui s’éteignent…
    Une évolution macabre qui ne doit pas pour autant rester sans réaction et qu’il va Nous falloir enrayer par la promotion d’un « réveil citoyen ».

    En conscience, comment peut-on rester sourd à l’appel d’un Père, d’un Frère, d’un Parent, d’un Ami, d’un Pote, d’un voisin… qui verse dans une détresse sans issue ?
    Car de toute évidence, au vu du nombre d’exclus, il s’agit TOUJOURS D’UN DE NOS PROCHES !…
    Aux quatre coins de France, des Élus tentent de répondre à cette misère en criminalisant la pauvreté, tout en pratiquant la chasse aux plus démunis. Pour cela certains maires, aux tendances populistes, n’hésitent pas à promulguer des arrêtés anti mendicité, anti sédentarisation, anti fouille de poubelle, anti circulation de clochards, soient des intolérances officielles à la faiblesse sociale.
    Des arrêtés municipaux s’accompagnant très souvent d’un encadrement policier disproportionné qui n’hésite pas à s’évertuer dans un zèle manu militari des plus extrêmes. En effet, il est plus facile et moins coûteux pour ces élus d’éloigner les problèmes à coups de matraque plutôt que d’y remédier !

    Plus récemment encore, un ministre de la République, en violation caractérisée de la loi et ce, dans l’irrespect absolu des droits de l’homme, pratiquait en toute impunité et banalisait l’expulsion pendant la trêve hivernale, sans proposer la moindre solution de relogement, donc à moindre coût toujours, livrant ni plus ni moins des familles entières au péril de la rue ! Et ce, tout en dépensant le denier public dans le sur déploiement policier qui cautionne et autorise l’exercice de ses abus de pouvoirs.
    Répétons le sans relâche : Voici un crime contre l’humanité en train de se perpétrer puisque cela ne se réalise pas sans faire de victimes 70 décès depuis le début de l’année 2017 !…

    Au lieu de protéger le citoyen comme il se devrait, on le livre aux aléas funèbres de l’exclusion.
    Cette répression anti républicaine doit cesser au nom du droit à l’égalité des chances!
    Au nom du droit à la vie!
    Depuis quatre ans et demi, en constante effervescence et grâce à Vous, le mouvement citoyen
    « 115 Du Particulier « œuvre en ce sens.

    Chaque personne qui se redresse grâce à nos actions venues du cœur est une revanche sur la détresse imposée d’état,
    Avec trois fois rien, la misère recule par cet authentique élan de solidarité.
    Pour cela INFORMONS NOUS encore plus et partageons l’information !!!
    Créons des RÉFLEXIONS CITOYENNES pour répondre aux questions restées trop longtemps silencieuses et sciemment ignorés de la plupart des politichiens !

    Dressons un véritable état des lieux de ce paysage qui foule au pied la dignité, humaine, en marginalisant les plus faibles d’entre nous !

    LA PAUVRETÉ A DES DROITS !
    La République se doit, comme le législateur le défini, de préserver la reconnaissance des plus faibles et il est de notre devoir d’en renforcer la protection.
    C’est pourquoi, en étant au cœur de la société par ton engagement de tous les jours, tu reste un acteur concerné qui doit avoir la parole.

    Fais nous part de tes ressentis, de tes indignations, de tes réflexions, de tes espérances, de tes suggestions…
    Ainsi, Ensemble, Nous entendrons mieux la misère !
    Et Ensemble, Nous la ferons encore reculer !

    Exprimes toi ici :
    DANS CETTE MAISON DU 115 DU PARTICULIER QUI EST LA TIENNE…
    Brann
    http://www.le-115-du-particulier.fr/
    http://115juridique.org/


  • La ferme de Baslin

    Jacqueline P., 79 ans, Une de nos Mamans du cœur, une VRAIE qui depuis 55 ans, contre vents et marées administratives, dirige d’une main de fer dans un gant de velours une Famille d’accueil pour handicapés mentaux et qui est la définition vivante de ce qu’est l’amour…

    A la croisée des chemins, début 2014, William, ami marchand de bestiaux, me présente à Jacqueline et là : Coup de foudre pour la Ferme de Baslin et sa dizaine d’âmes !

    Jacqueline : Pomme sans âge sur qui les flétrissures n’ont pas d’emprise, son cœur est resté vert comme un, printemps sans fin malgré une vie qui ne lui a pas vraiment fait de fleurs…
    Serge, le plus jeune de SES enfants, 53 ans, est dans la maison depuis 52 ans ! C’est le petit que l’on voit sur les photos… Un gamin dont l’espérance de vie ne devait pas dépasser la trentaine selon certaines théories médicales… C’était sans compter sur l’amour débordant de cette grande Dame…

    Soudés pour la vie, Serge n’est jamais bien loin de Jacqueline et on ne peut guère imaginer qu’il en soit autrement parce qu’ils la respirent ensemble, cette vie…

    Jacqueline me parle et j’entends…

    Depuis 2014, suite au nouveau découpage régional de l’action sociale, la Ferme de Baslin bascula administrativement sous la compétence de la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales du Loiret, abandonnant celle de Seine et Marne dont elle dépendait depuis plus de 50 ans. Ce qui a eu pour effet de remettre en cause l’agrément d’accueil au vu de l’âge de Jacqueline, allant jusqu’à lui supprimer les aides d’usage pour l’inviter ni plus ni moins à METTRE A LA RUE « SES ENFANTS » !…
    Une décision qui, sans autre forme de procès, se moque des conséquences DRAMATIQUES, surtout lorsque l’on sait que les établissements publics susceptibles d’accueillir ces êtres abîmés ferment un à un, subissant les revers d’une politique sociale inepte et appauvrie par les coupes budgétaires.

    Je ne pouvais pas rester sourd à cette connerie imposée d’état !
    Et Nous avons pris le maquis avec Jacqueline et SES Mômes !

    Alors depuis 2014, le Village du 115 Du Particulier contribue et assure « comme il peut » le ravitaillement alimentaire de la Ferme en partageant nos collectes d’invendus.

    Pas plus tard qu’hier, Patrick a rendu visite à notre Maman.

    Brann du Senon

    (Pour agrandir les photos, cliquez dessus)